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Action Décrochons Macron à Paris en mars 2020 – photo LeDuQ
Action Décrochons Macron à Paris en mars 2020 – photo LeDuQ

Décrochons Macron, 4 ans après : l’État s’acharne sur les activistes climat

Ce mercredi 22 février*, la Cour de cassation a l’occasion de mettre un coup d’arrêt à l’acharnement envers les décrocheuses et décrocheurs du portrait d’Emmanuel Macron. Huit activistes bordelais d’Action non-violente COP21 vont voir leur cas étudié pour la cinquième fois, tandis que 11 autres procès doivent encore avoir lieu en 2023.
Quatre ans après le début des décrochages, la multiplication des événements climatiques extrêmes et les condamnations de la France ont pourtant donné raison aux activistes.

Quatre ans après les premiers décrochages de portraits d’Emmanuel Macron, au moins 12 procès sont encore à venir pour les activistes climat, portant le total à 61 procès, pour 89 personnes. Deux procès de première instance, quatre ans après les décrochages concernés. Trois procès en appel et une décision de la Cour de cassation à venir. Trois groupes ANV-COP21 qui se tournent vers la Cour européenne des droits de l’homme. Des décrocheuses de trois groupes différents qui sont de nouveau convoquées au tribunal, pour refus de prélèvement ADN.

Festival de créativité répressive

Alors que les actions ambitieuses en matière de climat se font toujours attendre, la répression, elle, est au rendez-vous. En effet, là où l’État ne manque pas de zèle, et n’hésite pas à mobiliser les moyens publics, c’est en matière de poursuites envers les décrocheurs et décrocheuses.

Par exemple envers les huit membres d’ANV-COP21 Gironde qui sont jugés en première instance en 2019, condamnés par la cour d’appel de Bordeaux en 2020, et dont la condamnation est cassée par la Cour de cassation en 2021. Rejugés par la cour d’appel de Toulouse, ils sont relaxés en 2022… fin de l’histoire ? Non, le Parquet se pourvoit en cassation, et c’est reparti pour une cinquième décision de justice, attendue ce mercredi 22 février 2023.

Autres exemples, ceux de Lucie du Sud-Manche, d’Anne-Marie de Valence et de Virginie de Nancy. Toutes les trois ont été condamnées définitivement pour vol. Quelques mois après la condamnation, les forces de l’ordre les convoquent pour obtenir leurs empreintes biologiques. Pour Anne-Marie, la situation est particulièrement ahurissante, car elle n’avait pas refusé le prélèvement lors de son audition en 2019. Mais depuis, son ADN a été… égaré par les autorités. Concernant Lucie, la visite des gendarmes est arrivée bien plus d’un an après sa condamnation, donc au-delà du délai légal pour lui réclamer son ADN.

L’une après l’autre, les décrocheuses refusent cette atteinte disproportionnée à leur vie privée, particulièrement inutile pour une action menée à visage découvert et alors que l’enquête est close depuis longtemps. De plus, la Cour de Cassation a confirmé en 2021 la relaxe de décrocheurs de portrait qui avaient refusé les prélèvements ADN, pointant la disproportionnalité pour ce type d’action. Malgré cela, pour leurs refus, les trois décrocheuses vont subir chacune un nouveau procès.

Emmanuel Macron, le cancre qui préfère incendier l’école

Dans le même temps, le message sur l’inaction du gouvernement s’est révélé exact. Dès février 2019, Action non-violente COP21 dénonce via les décrochages de portrait la contradiction totale entre le discours écolo du président Macron – qui, à ce moment, fait encore illusion auprès de la population – et l’absence d’actes réels. Depuis, les rapports du GIEC ou du Haut Conseil pour le climat se sont enchaînés. Et les condamnations de la France dans l’Affaire du siècle et dans l’affaire Grande-Synthe ont confirmé l’inaction climatique du gouvernement français. « Pire, Emmanuel Macron nous donne sans cesse de nouvelles justifications d’avoir décroché son portrait, affirme Virginie Hacquard, d’Action non-violente COP21 Nancy. La façon dont il a saboté les propositions de la Convention citoyenne sur le climat a marqué les esprits. Et le fait que notre pays soit durement touché par les incendies et les sécheresses ne l’a pas fait évoluer. Il est désormais visible aux yeux de tous que le président Macron et son gouvernement sont des complices de la catastrophe climatique. »

La campagne massive de décrochages de portraits présidentiels a largement contribué au débat d’intérêt général. Objet de nombreux travaux universitaires, de plus de 2 300 citations médiatiques en 4 ans, dans la presse locale, nationale et internationale, l’engagement des activistes a permis d’alerter sur la gravité de la situation. C’est cette expression citoyenne salutaire que le chef de l’État condamné pour inaction climatique tente de dissuader.« Quand s’arrêtera cet acharnement contre les militants climat ? Et surtout, quand aura-t-on un gouvernement qui agit contre le dérèglement climatique ? demande Anne-Sophie Trujillo-Gauchez, d’Action non-violente COP21 à Villefranche-sur-Saône. Emmanuel Macron nous fait l’effet d’un mauvais élève qui n’a pas fait ses devoirs et qui, pour ne pas l’assumer, préfère mettre le feu à toute l’école. Avec ses camarades dedans. »

Illustration d’Allan Barte

Les groupes dont les affaires sont encore en cours : Bordeaux (cassation), Poitiers (première instance), Sud-Manche (ADN), Toulouse (appel), Nancy (ADN), Valence (ADN), Ancenis/Nantes (appel à Rennes), Strasbourg (appel à Colmar), Paris, Valence et Strasbourg (CEDH).

  • 17 février 2023