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Deux des onze activistes avec leurs avocats, devant la Cour européenne des droits de l’homme, à Strasbourg
Deux des onze activistes avec leurs avocats, devant la Cour européenne des droits de l’homme, à Strasbourg

Saga des décrocheurs du portrait de Macron : dénouement en Cour européenne des droits de l’homme

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) rendra sa décision jeudi 3 juillet 2025 dans l’affaire des décrocheur·ses du portrait d’Emmanuel Macron. Onze activistes pour le climat et la justice sociale, qui avaient participé à la campagne lancée par Action non-violente COP21 en 2019, ont saisi la CEDH pour défendre leur droit à dénoncer l’inaction climatique du président français. 

Alors qu’un nouveau rapport de climatologues annonce que l’objectif 1,5°C devient inatteignable faute d’action politique suffisante, le message des décrocheurs de portraits est toujours d’actualité. Cette requête identifiée comme “affaire à impact” par la CEDH pourrait avoir une grande influence sur le traitement judiciaire de la désobéissance civile en France et en Europe.

Jeudi 3 juillet, Anne-Marie, Félix, Christine et les autres auront enfin une réponse de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), trois longues années après avoir déposé leur requête. Les onze activistes dénoncent l’atteinte à leur liberté d’expression que constitue leur condamnation confirmée par la Cour de cassation, alors que leur action de décrochage de portrait contribue à un débat d’intérêt général sur l’urgence climatique.

Un message criant d’actualité

Tandis que 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée au niveau planétaire, et que la France subit une nouvelle vague de chaleur, le message des décrocheur·ses de portrait, campagne lancée par Action non-violente COP21 en février 2019, est plus que jamais d’actualité.

« Nos dirigeants, et en particulier Emmanuel Macron, ont une responsabilité immense dans la dégradation de nos conditions de vie. Depuis nos actions de décrochage de portrait, la France a été condamnée pour inaction climatique à plusieurs reprises. Au lieu d’en tirer les conséquences, le gouvernement enchaîne les reculs sur le plan écologique. », rappelle Léa Chancelier, décrocheuse avec ANV-COP21 Valence.

La bataille climatique vient de franchir une nouvelle étape avec le rapport rendu le 18 juin par des climatologues du GIEC. Leur conclusion : l’objectif de l’Accord de Paris visant à limiter le réchauffement sous les +1,5 °C n’est plus atteignable, car les mesures n’ont pas été prises. Pauline Boyer, décrocheuse de Paris, s’insurge : « Dépasser ce seuil des 1,5°C, c’est très grave. Cela implique une intensification et une multiplication des événements climatiques extrêmes, et donc un impact direct sur nos vies, notre santé, celles de millions de personnes dans le monde. Les scientifiques soulignent bien que ce n’est pas une question de physique mais de choix politique. Depuis 2015, la société civile n’a cessé d’appeler à une action du gouvernement cohérente avec les engagements que la France a pris devant le monde entier. Dans ce domaine, l’inaction politique que nous dénonçons depuis des années est littéralement criminelle. »

5 personnes assises à une table où il est écrit G7 : Macron champion du blabla (avec champion du climat barré). Des personnes debout brandissant des portraits du président Macron la tête en bas. Foule autour en arrière-plan et sur les côtés. Caméras et appareils photo au premier plan
Marche des portraits à Bayonne pendant le G7 –photo Guénolé Le Gal

Le fond et la forme

Si le fond du message est rarement contesté par les tribunaux et ne devrait pas l’être par la CEDH, l’enjeu de cette décision concerne aussi les actions de désobéissance civile non-violente. La Cour européenne la considère comme “affaire à impact”, soulignant sa portée potentielle sur la jurisprudence des États.

Pour les avocats des décrocheur·ses, Me Grégory Thuan Dit Dieudonné, Me Ronald Maman et Me Paul Mathonnet, la CEDH doit reconnaître que les tribunaux français n’ont pas justifié d’un “besoin social impérieux” pour restreindre la liberté d’expression des activistes. La légitimité des actions de décrochage, menées à visage découvert et dans la non-violence, provient de leur contribution à un débat de société d’intérêt général. Une décision favorable de la Cour aurait une grande portée pour les autres actions de désobéissance civile, en France et ailleurs, qui se sont multipliées ces dernières années, notamment en faveur du climat et de la justice sociale.

Le combat pour le climat continue

Le fait même de déposer une requête en CEDH, à l’été 2022, a pu avoir un effet sur la Cour de cassation, puisqu’elle a ensuite confirmé une relaxe pour des décrocheurs. Depuis, la grande majorité des procès pour décrochage de portrait présidentiel se sont conclus par une relaxe.

Quelle que soit l’issue de ce long parcours judiciaire, le combat n’est pas terminé.
« L’objectif de rester sous +1,5 °C n’est plus atteignable ? Alors il faut se battre pour rester sous +1,6 °C, qui est moins grave que +1,7 °C, qui est moins grave que +1,8 °C, etc. Chaque dixième de degré en plus, ce sont des catastrophes en plus, des morts supplémentaires. Chaque dixième de degré compte ! Pour éviter cela, il faut mettre la pression sur nos dirigeants, mais ne pas attendre leur action. Il faut nous organiser, nous former pour résister et construire un monde plus juste et soutenable ! », lance Franzeska Bindé, porte-parole d’ANV-COP21. Le mouvement organise d’ailleurs avec Alternatiba un Camp Climat d’ampleur nationale du 26 juillet au 3 août à Nantes pour accélérer la mobilisation citoyenne face à l’urgence climatique, ouvert aussi bien aux personnes déjà engagées que néophytes.

Pour soutenir les activistes poursuivi·es : Soutien aux 11 décrocheur-ses devant la Cour européenne des droits de l’homme 

  • 24 juin 2025