Climat : Macron candidat dangereux – photo Margaux Magis
Climat : Macron candidat dangereux – photo Margaux Magis

Le meeting de campagne d’Emmanuel Macron perturbé par des activistes climat

Samedi 2 avril 2022 – Alternatiba Paris, Action non-violente COP21 et les Amis de la Terre France ont interrompu le discours d’Emmanuel Macron en faisant retentir des alarmes, symboles de l’urgence climatique et sociale. Les trois mouvements citoyens appellent à se mobiliser dans les rues le 9 avril pour le climat et la justice sociale et, dans les urnes le lendemain pour élire des responsables politiques à la hauteur de cette urgence.

La grand-messe de campagne d’Emmanuel Macron ne s’est pas déroulée comme prévue : l’envolée lyrique du président candidat à été coupée par des sons stridents à plusieurs endroits du meeting. À l’intérieur de la Défense-Arena, une quinzaine d’activistes ont interrompu le discours du président candidat, pour protester contre le sabotage climatique et social auquel s’est livré le gouvernement pendant sa mandature, et l’absence d’espace pour débattre de ces sujets pendant la campagne. Le slogan « Climat : Macron candidat dangereux » a été brandi sur une banderole. À l’extérieur, plusieurs activistes ont également brandi ce message accompagné d’une activiste aux « mains rouges », comme symbole de l’urgence à agir pour le climat.

Le quinquennat perdu d’Emmanuel Macron pour le climat et la justice sociale

Charlène Fleury, porte-parole d’Action non-violente COP21, revient sur cette mobilisation dans le contexte de crise que nous vivons : «​​​​​​​ Le GIEC vient de rappeler dans le dernier volet de son rapport que la moitié de l’humanité est déjà bouleversée par les changements climatiques et le sera d’autant plus dans les prochaines années [1]. En France, des millions d’entre nous, au premier rang desquels les plus pauvres, subissent déjà des impacts dramatiques : inondations, canicules, incendies, hausse des prix de l’énergie liée à notre dépendance aux énergies fossiles… Or Emmanuel Macron s’est employé pendant cinq ans à mettre au second plan l’urgence climatique. Les enjeux sont trop graves : nous devons investir les élections pour élire des responsables politiques à la hauteur. »

Devant La Défense Arena où se tient le meeting d'Emmanuel Macron – photo François Lluelles
Devant La Défense Arena, où se tient le meeting d’Emmanuel Macron – photo François Lluelles

Le décalage entre les discours du président et la réalité a été frappant tout au long de son mandat et de sa courte campagne : tous les rapports du Haut Conseil pour le climat pointent l’incohérence des politiques publiques avec les objectifs affichés par la France dans sa propre stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, Emmanuel Macron s’est auo-congratulé pendant son meeting en affirmant que « les gaz à effets de serre ont baissé deux fois plus vite ». 

Alors que le président se lance des fleurs sans jamais mettre en place d’actions concrètes pour le climat, la France a été condamnée à deux reprises, par ses propres tribunaux, pour non-respect de ses engagements climatiques. La justice rejoignant alors le constat des activistes climat : le décalage entre les paroles et les actes du gouvernement sont une réalité extrêmement alarmante alors que les scientifiques ne cessent de demander des actions concrètes, pour infléchir la courbe du réchauffement climatique sur laquelle nous avançons dangereusement.

Un président injuste : des politiques au service des ultra-riches 

Les activistes climat soulignent aussi l’injustice des politiques menées par le président pendant sa mandature : alors que des cadeaux fiscaux et financiers monumentaux sont accordés aux plus riches [2] et aux secteurs économiques les plus polluants [3], le choix répété d’Emmanuel Macron a été de faire porter le fardeau de la transition sur les plus précaires [4]. 

« Nous faisons depuis quelques semaines face à une nouvelle crise, énergétique cette fois-ci, qui met plus que jamais en evidence notre vulnérabilité, héritée de décisions politiques qui depuis trop longtemps nient l’urgence sociale et climatique. Alors que les mots « sobriété » et d’indépendance » sont aujourd’hui sur toutes les lèvres, les décideurs se sont employés à nous enfoncer dans notre addiction aux énergies fossiles, et Emmanuel Macron en premier lieu. Non-respect des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, retard critique dans le déploiement des énergies renouvelables, objectifs d’économies d’énergie repoussés de 2018 à 2023… Ces échecs frappent durement le climat, mais aussi les plus précaires, laissés démunis face à l’envolée des prix. Malgré ce nouveau choc, le président-candidat reste à quelques jours de l’élection obstiné à parier sur quelques mirages technologiques plutôt que sur les solutions concrètes et juste. », commente Lorette Philippot, porte-parole des Amis de la Terre France.

Emmanuel Macron a également divisé la société et miné la confiance dans les institutions. 17 600 lits d’hôpitaux ont par exemple été supprimés au cours de son mandat, marqué par la pandémie. Alors que nos sociétés devraient plus que jamais se préparer aux crises à venir, le président a fragilisé les services publics et le tissu social. Action non-violente COP21, Alternatiba Paris et les Amis de la Terre France ont donc décidé d’interpeller le candidat, Emmanuel Macron, pendant son meeting.

Une campagne marquée par l’absence du climat dans les débats

Les activistes dénoncent l’absence de débat démocratique autour des enjeux vitaux pour les français. Le climat a représenté moins de 2,7% du temps d’audience dans les médias depuis le début de la présidentielle]. Pendant la campagne, Emmanuel Macron a fui le débat, jusqu’à organiser des « échanges spontanés avec les français » mis en scène avec questions écrites à l’avance et sélectionnées par l’organisation. « Le mandat d’Emmanuel Macron a été une longue traversée du désert pour toutes les personnes qui se préoccupent du climat et de la justice sociale. Nous avons signé des pétitions, organisé des marches monumentales, rencontré nos élus, en vain. La loi climat et résilience a été sabotée, les services publics affaiblis, nos libertés rognées. Dans cette continuité, on ne nous accorde pas d’espace pour parler des enjeux qui touchent nos vies pendant cette campagne. Nous ne pouvions pas laisser Emmanuel Macron dérouler un nouveau grand discours vide. Nous devons occuper l’espace. » explique Marie Cohuet, porte-parole d’Alternatiba Paris.

Charlène Fleury, porte-parole d’Action non-violente COP21, reprend : « Nous sommes des millions à penser que les enjeux environnementaux et sociaux devraient être au cœur du débat électoral. Nous héritons d’un paysage politique confisqué par des candidats dangereux, au premier rang desquels Marine Le Pen, Eric Zemmour, Valérie Pécresse et Emmanuel Macron. Nous refusons de nous résigner : nous serons dans les rues le 9 avril pour exiger un avenir juste et soutenable, et nous invitons chacun et chacune à nous rejoindre pour écrire ce futur ensemble ».

Climat : Macron candidat dangereux – photo Quentin Marchand
Climat : Macron candidat dangereux – photo Quentin Marchand

[1] Article des Amis de la Terre France de décryptage du volet 2 du 6ème rapport du GIEC. La publication du volet 3 est prévue ce lundi 4 avril 2022.

[2] Les 1 % les plus riches ont bénéficié de la plus importante hausse de pouvoir d’achat sous la mandature d’Emmanuel Macron, selon une étude 2021 de l’Institut des politiques publiques.

[3] Par exemple à travers le plan de relance, non conditionné à des contreparties environnementales.

[4] Le projet de taxe carbone sans mécanisme de compensation et de redistribution, ainsi que les mobilisations inédites des Gilets jaunes qu’il a suscitées, sont restés à ce titre emblématiques.

  • 2 avril 2022