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Pour un Jour d’Après écologique, féministe et social

Le Jour d’Après ne doit pas ressembler aux jours d’avant

En pleine crise sanitaire et face aux beaux discours de Macron, il est crucial d’unir nos forces pour construire l’Après. Nous devons contraindre le gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour s’assurer que le jour d’après ne sera pas comme les jours d’avant la pandémie. Parce que l’avant, ce sont des incendies en Australie, en Amazonie, en Afrique et en Europe, l’augmentation de la pauvreté, la destruction des habitats naturels… qui se déroulent sous nos yeux.

Les impacts économiques et sociaux, actuels et à venir, provoqués par la crise sanitaire, ont poussé sur les racines d’une société érodée par la mondialisation néolibérale. Le prix de la crise du coronavirus, que nous payons en vies humaines emportées par le virus et en vies humaines basculant en millions dans la précarité, a une cause structurelle : c’est le résultat de décennies de politiques publiques néolibérales, de décisions politiques basées sur le profit plutôt que sur le partage, sur la compétition plutôt que la coopération, sur la surconsommation plutôt que le respect de la nature.

La société civile unit ses voix pour un changement radical de système

Le 13 mars dernier, nous étions aux portes de l’Elysée avec des chercheur·ses en différentes sciences de la terre, en économie et sociologie, directeur·rices d’ONG environnementales ou sociales, juristes, syndicalistes, gilets jaunes, premiers·ères impacté·es pour dresser le véritable bilan écologique et social d’Emmanuel Macron. En inscrivant sa politique dans le rouage du système économique néolibéral et en restant à la botte des lobbies, le gouvernement fait passer les profits de quelques-un·es au détriment de la santé et de la protection de la population à tous les niveaux. La solution à la crise doit passer par une remise en question profonde du système à tous les niveaux pour éviter les prochaines crises et mettre en place des mécanismes de protection pour que les plus démuni·es soient protégé·es lors des prochains chocs sanitaires, écologiques ou économiques. Ce sont de telles mesures que nous avons porté avec 18 organisations syndicales, environnementales, climat et sociales dans la tribune #PlusJamaisCa, parue le 27 mars dernier.

Plus jamais ça / Jour d'après : live sur Médiapart

Nous partageons la même vision

Cette pétition est lancée par une union de syndicats, d’associations environnementales, pour le climat et la justice sociale car nous partageons la vision d’une société qui permet à tout le monde de vivre dignement, d’avoir un toit, de manger chaque jour à sa faim des produits sains, sans pesticides, d’être intégré·e socialement dans la société, d’avoir un emploi digne et utile. Nous appelons à créer une société solidaire qui ait un fonctionnement basé sur la justice sociale, la santé et le bien-être de la population. Nous appelons à créer une société soutenable, dans laquelle nos activités quotidiennes arrêteront de dérégler le climat et préserveront l’environnement.

C’est pourquoi Alternatiba et Action Non-Violente COP21 se joignent aux Amis de la Terre, Attac, CCFD Terre Solidaire, Confédération paysanne, CGT, Convergence nationale des Services Publics, Fédération syndicale unitaire (FSU), Fondation Copernic, Greenpeace, Oxfam, Reclaim Finance, Union syndicale Solidaires et 350.org pour exiger la mise en place de mesures dès aujourd’hui et à moyen terme pour construire un futur, écologique, féministe et social, en rupture avec les politiques menées jusque-là et le désordre néolibéral.

Retrouvez le texte complet de la tribune #PlusJamaisCa ci-dessous et sur Francetvinfo

En mettant le pilotage de nos sociétés dans les mains des forces économiques, le néolibéralisme a réduit à peau de chagrin la capacité de nos États à répondre à des crises comme celle du Covid. La crise du coronavirus qui touche toute la planète révèle les profondes carences des politiques néolibérales. Elle est une étincelle sur un baril de poudre qui était prêt à exploser. Emmanuel Macron, dans ses dernières allocutions, appelle à des « décisions de rupture » et à placer « des services (…) en dehors des lois du marché ». Nos organisations, conscientes de l’urgence sociale et écologique et donnant l’alerte depuis des années, n’attendent pas des discours mais de profonds changements de politiques, pour répondre aux besoins immédiats et se donner l’opportunité historique d’une remise à plat du système, en France et dans le monde.

Dès à présent, toutes les mesures nécessaires pour protéger la santé des populations celle des personnels de la santé et des soignant·e·s parmi lesquels une grande majorité de femmes, doivent être mises en œuvre, et ceci doit largement prévaloir sur les considérations économiques. Il s’agit de pallier en urgence à la baisse continue, depuis de trop nombreuses années, des moyens alloués à tous les établissements de santé, dont les hôpitaux publics et les Ehpad. De disposer du matériel, des lits et des personnels qui manquent : réouverture de lits, revalorisation des salaires et embauche massive, mise à disposition de tenues de protection efficaces et de tests, achat du matériel nécessaire, réquisition des établissements médicaux privés et des entreprises qui peuvent produire les biens essentiels à la santé, annulation des dettes des hôpitaux pour restaurer leurs marges de manœuvre budgétaires… Pour freiner la pandémie, le monde du travail doit être mobilisé uniquement pour la production de biens et de services répondant aux besoins essentiels de la population, les autres doivent être sans délai stoppées. La protection de la santé et de la sécurité des personnels doivent être assurées et le droit de retrait des salarié·e·s respecté.

Des mesures au nom de la justice sociale nécessaires

La réponse financière de l’État doit être d’abord orientée vers tou·te·s les salarié·e·s qui en ont besoin, quel que soit le secteur d’activité, et discutée avec les syndicats et représentant·e·s du personnel, au lieu de gonfler les salaires des dirigeant·e·s ou de servir des intérêts particuliers. Pour éviter une très grave crise sociale qui toucherait de plein fouet chômeurs·euses et travailleurs·euses, il faut interdire tous les licenciements dans la période. Les politiques néolibérales ont affaibli considérablement les droits sociaux et le gouvernement ne doit pas profiter de cette crise pour aller encore plus loin, ainsi que le fait craindre le texte de loi d’urgence sanitaire.

Selon que l’on est plus ou moins pauvre, déjà malade ou non, plus ou moins âgé, les conditions de confinement, les risques de contagion, la possibilité d’être bien soigné ne sont pas les mêmes. Des mesures supplémentaires au nom de la justice sociale sont donc nécessaires : réquisition des logements vacants pour les sans-abris et les très mal logés, y compris les demandeurs·euses d’asile en attente de réponse, rétablissement intégral des aides au logement, moratoire sur les factures impayées d’énergie, d’eau, de téléphone et d’internet pour les plus démunis. Des moyens d’urgence doivent être débloqués pour protéger les femmes et enfants victimes de violences familiales.

Les moyens dégagés par le gouvernement pour aider les entreprises doivent être dirigés en priorité vers les entreprises réellement en difficulté et notamment les indépendants, autoentrepreneurs, TPE et PME, dont les trésoreries sont les plus faibles. Et pour éviter que les salarié·e·s soient la variable d’ajustement, le versement des dividendes et le rachat d’actions dans les entreprises, qui ont atteint des niveaux record récemment, doivent être immédiatement suspendus et encadrés à moyen terme.

Des mesures fortes peuvent permettre, avant qu’il ne soit trop tard, de désarmer les marchés financiers : contrôle des capitaux et interdiction des opérations les plus spéculatives, taxe sur les transactions financières… De même sont nécessaires un contrôle social des banques, un encadrement beaucoup plus strict de leurs pratiques ou encore une séparation de leurs activités de dépôt et d’affaires.

 

Des aides de la BCE conditionnées à la reconversion sociale et écologique

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une nouvelle injection de 750 milliards d’euros sur les marchés financiers. Ce qui risque d’être à nouveau inefficace. La BCE et les banques publiques doivent prêter directement et dès à présent aux États et collectivités locales pour financer leurs déficits, en appliquant les taux d’intérêt actuels proches de zéro, ce qui limitera la spéculation sur les dettes publiques. Celles-ci vont fortement augmenter à la suite de la « crise du coronavirus ». Elles ne doivent pas être à l’origine de spéculations sur les marchés financiers et de futures politiques d’austérité budgétaire, comme ce fut le cas après 2008.

Une réelle remise à plat des règles fiscales internationales afin de lutter efficacement contre l’évasion fiscale est nécessaire et les plus aisés devront être mis davantage à contribution, via une fiscalité du patrimoine et des revenus, ambitieuse et progressive.

Par ces interventions massives dans l’économie, l’occasion nous est donnée de réorienter très profondément les systèmes productifs, agricoles, industriels et de services, pour les rendre plus justes socialement, en mesure de satisfaire les besoins essentiels des populations et axés sur le rétablissement des grands équilibres écologiques. Les aides de la Banque centrale et celles aux entreprises doivent être conditionnées à leur reconversion sociale et écologique : maintien de l’emploi, réduction des écarts de salaire, mise en place d’un plan contraignant de respect des accords de Paris… Car l’enjeu n’est pas la relance d’une économie profondément insoutenable. Il s’agit de soutenir les investissements et la création massive d’emplois dans la transition écologique et énergétique, de désinvestir des activités les plus polluantes et climaticides, d’opérer un vaste partage des richesses et de mener des politiques bien plus ambitieuses de formation et de reconversion professionnelles pour éviter que les travailleurs·euses et les populations précaires n’en fassent les frais. De même, des soutiens financiers massifs devront être réorientés vers les services publics, dont la crise du coronavirus révèle de façon cruelle leur état désastreux : santé publique, éducation et recherche publique, services aux personnes dépendantes…

 

Relocalisation de la production

La « crise du coronavirus » révèle notre vulnérabilité face à des chaînes de production mondialisée et un commerce international en flux tendu, qui nous empêchent de disposer en cas de choc de biens de première nécessité : masques, médicaments indispensables, etc. Des crises comme celle-ci se reproduiront. La relocalisation des activités, dans l’industrie, dans l’agriculture et les services, doit permettre d’instaurer une meilleure autonomie face aux marchés internationaux, de reprendre le contrôle sur les modes de production et d’enclencher une transition écologique et sociale des activités.

La relocalisation n’est pas synonyme de repli sur soi et d’un nationalisme égoïste. Nous avons besoin d’une régulation internationale refondée sur la coopération et la réponse à la crise écologique, dans le cadre d’instances multilatérales et démocratiques, en rupture avec la mondialisation néolibérale et les tentatives hégémoniques des États les plus puissants. De ce point de vue, la « crise du coronavirus » dévoile à quel point la solidarité internationale et la coopération sont en panne : les pays européens ont été incapables de conduire une stratégie commune face à la pandémie. Au sein de l’Union européenne doit être mis en place à cet effet un budget européen bien plus conséquent que celui annoncé, pour aider les régions les plus touchées sur son territoire comme ailleurs dans le monde, dans les pays dont les systèmes de santé sont les plus vulnérables, notamment en Afrique.

Tout en respectant le plus strictement possible les mesures de confinement, les mobilisations citoyennes doivent dès à présent déployer des solidarités locales avec les plus touché·e·s, empêcher la tentation de ce gouvernement d’imposer des mesures de régression sociale et pousser les pouvoirs publics à une réponse démocratique, sociale et écologique à la crise.

Plus jamais ça ! Lorsque la fin de la pandémie le permettra, nous nous donnons rendez-vous pour réinvestir les lieux publics et construire notre « jour d’après ». Nous en appelons à toutes les forces progressistes et humanistes, et plus largement à toute la société, pour reconstruire ensemble un futur, écologique, féministe et social, en rupture avec les politiques menées jusque-là et le désordre néolibéral.

Retrouvez ci-dessous la liste des signataires :

Khaled Gaiji, président des Amis de la Terre France

Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac France

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT

Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne

Benoit Teste, secrétaire général de la FSU

Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France

Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France

Eric Beynel, porte-parole de l’Union syndicale Solidaires

Clémence Dubois, responsable France de 350.org

Pauline Boyer, porte-parole d’Action Non-Violente COP21

Léa Vavasseur, porte-parole d’Alternatiba

Sylvie Bukhari-de Pontual, présidente du CCFD-Terre Solidaire

Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de Droit au Logement

Lisa Badet, vice-présidente de la FIDL, Le syndicat lycéen

Jeanette Habel, co-présidente de la Fondation Copernic

Katia Dubreuil, présidente du Syndicat de la magistrature

Mélanie Luce, présidente de l’UNEF

Héloïse Moreau, présidente de l’UNL

  • 9 avril 2020