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Procès des Décrocheur·ses à Paris - Crédit Photo : Greenpeace France
Procès des Décrocheur·ses à Paris - Crédit Photo : Greenpeace France

Fortes pression et mobilisation au rendez-vous pour le procès parisien des décrochages de portraits

Paris, mercredi 11 septembre – Ce matin, malgré l’interdiction du préfet de Paris, près de 500 personnes étaient présentes au Tribunal afin de soutenir les 8 activistes d’ANV-COP21 et le vidéaste-activiste Vincent Verzat, en procès suite à des actions de décrochage du portrait présidentiel. De nombreuses personnalités du mouvement climat, des gilets jaunes ou de la sphère politique étaient également présentes afin de faire le procès de l’inaction climatique et sociale du gouvernement français. Après une longue audience, le procureur a requis 1 000 euros d’amende avec 500 de sursis pour chacun des prévenus de façon indifférenciée. Le délibéré sera rendu le 16 octobre.

 

Interdiction de rassemblement et fort soutien de la société civile

A 7h55 ce matin, le préfet de Paris, Didier Lallement, a délivré une interdiction préfectorale concernant le parvis du Tribunal de Grande Instance de Paris, en vue d’empêcher le public de se rassembler. Un vaste dispositif policier déployé pour l’occasion n’a pas empêché 500 personnes et personnalités de se réunir pour  soutenir les 9 prévenu.es. “Les forces de l’ordre ont tenté d’empêcher les proches des prévenus, leur famille, la presse,  et les militants venus en soutien de se rassembler ! Il est scandaleux qu’à l’occasion d’un procès, qui est public, l’Etat empêche la population de manifester son soutien .” s’indigne Raquel Diaz d’Action Non-Violente COP21.

Félix, Alma, Cécile, Emma, Thomas, Vincent, Marion, Étienne, Pauline, comparaissent en effet aujourd’hui pour “vol en réunion” suite à des actions de décrochage de portrait d’Emmanuel Macron, dénonçant le vide de sa politique climatique et sociale. Parmi eux, Vincent Verzat de la chaine Partager c’est sympa, est sur le banc des accusés au même titre que les 8 activistes, pour avoir filmé une action de décrochage de portrait. “En tant que vidéaste, je travaille en partenariat avec Médiapart et exerce juridiquement une mission d’information au même titre que tout journaliste. Je risque pourtant 75 000 euros d’amende et 5 ans d’emprisonnement. A travers ce procès, c’est donc aussi la liberté d’informer qu’il s’agit de défendre et le droit de tout simplement pouvoir parler de ces actions de désobéissance civile” insiste Vincent Verzat.

Le procès de l’inaction climatique et sociale

De nombreux représentants de société civile étaient présents, dont  Jean-François Julliard (Greenpeace), Priscillia Ludosky (gilets jaunes), Mathilde Panot (France Insoumise) ou encore Marie Toussaint (EELV) afin de faire de ce procès le procès de l’inaction climatique et sociale du gouvernement. “Malgré ses beaux discours, Emmanuel Macron décroche des objectifs de l’Accord de Paris de rester sous +2 °C voire +1,5 °C de réchauffement global. En 2018, les émissions de gaz à effet de serre françaises sont de nouveau à la hausse (+2,7 °C) et la liste de projets et politiques climaticides ne cesse s’allonger. A travers ces actions, nous demandons au gouvernement de dire la vérité, d’être à la hauteur de l’enjeu climatique et de garantir la justice sociale” rappelle Teïssir Ghrab d’Action Climat Paris

Après le rassemblement de soutien s’est tenue une conférence sur la légitimité de la désobéissance civile face à l’urgence climatique et sociale avec Monique Pinçon-Charlot, Charles Adrien Louis, Sylvie Ollitrault, et Luc Semal. Une formation à la désobéissance civile s’en est suivie, afin de former de nouveaux  citoyens à agir concrètement pour le climat.

Peines d’amendes requises par le parquet

Procès Paris 11 Septembre 2019 Crédit Greenpeace France

Crédit Greenpeace France

Après 6h d’audience, le procès des 8 militants d’ANV-COP21[1] et du vidéaste-activiste Vincent Verzat de la chaîne Youtube Partager C’est Sympa défendus par Alexandre Faro, Valentine Rebérioux, Astrid Ronzel et Michael Bendavid s’est achevé dans la soirée. Cette longue audience a notamment permis d’entendre en qualité de témoins Rémy Buisine, journaliste chez Brut, qui a rappelé le rôle des journalistes et leur mission d’information par rapport aux mobilisations citoyennes ; Célia Blauel, élue adjointe à la Maire de Paris, qui a rappelé les freins mis par le gouvernement à la transition écologique et sociale ; le climatologue Christophe Cassou Chercheur au CNRS et membre du GIEC, qui a quant à lui rappelé le consensus scientifique autour de la responsabilité anthropique du dérèglement climatique et les engagements pris par les Etats. Ensuite, Manuel Cervera-Marzal qui a mis en perspective les actions de désobéissance civile non-violente menées par ANV-COP21 avec les actions de désobéissance ayant permis l’acquisition de libertés aussi fondamentales que le droit de vote ou le droit de manifester.

Le procureur de la République a requis une amende de 1 000 euros dont 500 avec sursis pour chacun des prévenus, de façon indifférenciée. “Le procureur réclame 1 000 euros pour des portraits qui en valent moins de 10. Quelle serait l’amende assez élevée pour sanctionner les agissements criminels du gouvernement ? Rien n’arrêtera notre détermination à agir pour que la France respecte ses engagements et agisse en conformité avec la trajectoire de +1,5°C de réchauffement global. Même si pour cela nous devons être condamnés.” souligne Raquel Diaz-Gonzalez, porte-parole ANV-COP21. Alors que l’audience se poursuivait encore, des activistes d’Action Climat Paris ont décroché un 130e portrait présidentiel à la mairie de Saint-Ouen.

Le mouvement attend la relaxe des 9 prévenus lors du délibéré qui sera rendu le 16 octobre à 9 heures et appelle d’ores-et-déjà à poursuivre la mobilisation dès ce vendredi 13 septembre à Orléans pour le cinquième procès #DécrochonsMacron.

Des actions de décrochage à travers toute la France

Depuis le 21 février, ce sont plus de 129 portraits qui ont été décrochés par des groupes ANV-COP21 à travers tout l’Hexagone. Suite à l’appel à multiplier ces actions, d’autres organisations ont également décroché des portraits de Macron, comme par exemple les jeunes en grève pour le climat le 24 mai, ou encore un collectif féministe dans la mairie du Xe arrondissement le 10 septembre. En tout, 59 citoyens sont poursuivis à travers 17 procès annoncés.

  • 11 septembre 2019