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[Communiqué de presse – Mercredi 13 mai 2020]
Nouveau rapport des Amis de la Terre : en plein krach pétrolier, les acteurs de la finance française épinglés pour leurs soutiens aux pétrole et gaz de schiste
Les banques et investisseurs français s’entêtent à soutenir massivement l’une des industries les plus sévèrement frappées par la crise, et les plus nocives pour les populations, l’environnement et le climat : les pétrole et gaz de schiste nord-américains. C’est ce que révèle le nouveau rapport des Amis de la Terre France et de Reclaim Finance La Place financière de Paris au fond du puits, alors que débutent ce matin les assemblées générales de ces grands groupes financiers [1]. Les deux ONG appellent à l’arrêt des soutiens financiers publics et privés à ce secteur.
Depuis l’adoption de l’Accord de Paris, Société Générale, Crédit Agricole, BNP Paribas et le groupe Banque Populaire Caisse d’Epargne (BPCE) ont accordé 24 milliards de dollars de financements aux pétrole et gaz de schiste nord-américains. Société Générale arrive de très loin en tête, ayant à elle seule financé le secteur pour près de 11 milliards de dollars depuis 2016. Les acteurs financiers français, dont AXA et Rothschild & Co, totalisent de surcroît 12 milliards de dollars d’investissements dans les entreprises les plus agressives dans le développement du secteur [2].
Pour Lorette Philippot, chargée de campagne Finance privée aux Amis de la Terre France : « La crise du coronavirus et le krach pétrolier ont mis en évidence les risques déjà bien connus des pétrole et gaz de schiste, auxquels nos banques et investisseurs ont depuis des années fait le choix d’être surexposés. Au moment où cette industrie paraît au bord de la faillite et où l’urgence climatique exige une action immédiate, il serait complètement irresponsable que la finance française continue à miser sur son sauvetage et la reprise de son développement sauvage. Les acteurs financiers publics comme privés doivent au contraire reconnaître que ce secteur n’a pas sa place dans le monde d’après ».
« Alors que l’urgence à agir contre le dérèglement climatique et la perte de biodiversité n’a jamais été aussi prégnante au niveau international, BPCE, AXA et Rothschild semblent vouloir renchérir sur un secteur dont l’expansion nous serait fatale. Déjà à l’origine de ravages environnementaux et sanitaires irréversibles en Amérique du Nord, la croissance prévue de l’industrie du schiste menace à elle seule le respect des objectifs de l’Accord de Paris sur le climat [3]. Ceux qui espéraient un sursaut des acteurs financiers vont être déçus. Loin de réorienter leurs investissements vers une sortie juste des pétrole et gaz de schiste, ces trois investisseurs en ont acheté des millions d’actions entre le 1er janvier et le 20 mars 2020 [4] » ajoute Lucie Pinson, fondatrice et directrice de Reclaim Finance.
Les Amis de la Terre France et Reclaim Finance appellent la finance publique et privée à mettre en oeuvre une politique de tolérance zéro vis-à-vis des pétrole et gaz de schiste. Cela exige que le gouvernement adopte des mesures contraignantes pour que les banques, assureurs et investisseurs mettent un terme à leurs soutiens à ce secteur. L’État actionnaire doit en outre refuser de soutenir les entreprises françaises actives dans cette industrie, en l’absence de plan de transformation de leurs activités pour sortir des énergies fossiles [5].
Notes :
[1] L’assemblée générale annuelle de Crédit Agricole du 13 mai 2020 matin ouvre celles des grands groupes financiers français, qui se tiennent cette année à huis clos.
[2] Les financements correspondent aux financements de projets, prêts aux entreprises et émissions d’actions et d’obligation pour les entreprises ; les investissements correspondent à la détention d’actions et d’obligations d’entreprises. Les financements portent sur la période de 2016 à 2019 et les investissements ont été analysés au 20 mars 2020.
[3] 85% de la croissance mondiale de la production pétrolière et gazière d’ici 2025 est prévue aux États-Unis et au Canada et repose majoritairement sur les hydrocarbures de schiste. Elle pourrait à elle seule consommer plus d’un quart du budget carbone global disponible pour rester sous la barre de + 1,5 °C de réchauffement climatique d’ici 2050.
[4] Crédit Agricole, BNP Paribas et Société Générale ont vendu 14,7 millions d’actions détenues dans les 75 plus gros développeurs du secteur entre janvier et mars 2020 quand BPCE, AXA et Rothschild & Co en ont acheté plus de 7 millions.
[5] Au contraire, l’Etat s’est par exemple déclaré début avril prêt à participer à la recapitalisation du parapétrolier français Vallourec, actif aux Etats-Unis dans le secteur des pétrole et gaz de schiste, et en difficulté depuis des années déjà.
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- 13 mai 2020