Les activistes des Amis de la Terre, d’ANV-COP21, des gilets jaunes ainsi que des habitants locaux ont bloqués pendant près de 3h le nouvel entrepôt d’Amazon de Brétigny-sur-Orge. « Amazon : Pour le climat, pour l’emploi, Stop Expansion, Stop Surproduction” » est écrit sur la banderole déployée devant la façade de l’entrepôt d’Amazon. Cette action intervient à la veille du Black Friday et à quelques jours de l’ouverture des débats en plénière à l’Assemblée nationale sur la loi économie circulaire. Alors que l’amendement porté par des députés de la majorité pour un moratoire sur l’extension des entrepôts de e-commerce et des zones commerciales n’a pas pu passer les portes de la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable de l’Assemblée nationale [1], les militants appellent le gouvernement à rehausser fortement le niveau d’ambition de cette loi en mettant les enjeux de surproduction au coeur du texte.
L’incohérence entre les coups de communication et les actes du gouvernement est ainsi une fois de plus dénoncée. Alors que celui-ci se vante d’avoir annulé le projet de méga zone commerciale en Île-de-France, Europa City[2], alors qu’Elisabeth Borne[3] dénonce l’impact sur le climat de la surconsommation et notamment du Black Friday, alors qu’un plan de 5 milliards d’euros appelé « Programme coeur de villes » a été adopté pour revitaliser les centres villes, aucune mesure du projet de loi économie circulaire ne vise pourtant à réduire la surproduction et l’empreinte carbone qu’elle provoque. Pis, le gouvernement continue de soutenir le pire : l’expansion d’Amazon en France, avec la construction de 3 nouveaux méga entrepôts.
« Surexploitation des ressources naturelles, conditions de travail indignes, destruction des emplois locaux, incitation à la mise sur le marché de toujours plus de produits, émissions de gaz à effet de serre annuelles qui sont l’équivalent de celles du Portugal, évasion fiscale : Amazon est à lui seul l’incarnation du modèle de surproduction qui nous mène dans le mur. A la veille du Black Friday, ce premier blocage permet d’interpeller les députés pour savoir dans quel camp ils veulent se placer : celui de l’ancien monde caractérisé par la surproduction outrancière, ou celui de la modernité en adoptant un moratoire qui permettrait de juguler l’expansion de la multinationale. » explique Alma Dufour, pour les Amis de la Terre.
En effet, comme le rappelle le rapport « Immersion dans le modèle Amazon » publié par les Amis de la Terre, Attac et Solidaires, [4], laisser Amazon doubler son activité en France est complètement incompatible avec le respect des Accords de Paris. Sandy Olivar Calvo, d’Action Non-Violente COP21, complète « Stopper le développement d’Amazon en France est non seulement un enjeu climatique, mais aussi social. En effet, contrairement à la propagande de la multinationale, son implantation est synonyme de destructions d’emplois locaux [5], notamment de réparateurs indépendants. Personne, si ce n’est quelques actionnaires, ne profite de ce modèle : il est plus que temps de s’en détourner ! Il y a quelques semaines, le gouvernement choisissait de mettre fin au projet de centre commercial Europacity. Aujourd’hui, une opportunité unique est donnée à l’Assemblée nationale de sortir de la politique du cas par cas en rehaussant le niveau d’ambition de cette loi, et notamment en votant le moratoire sur l’extension des zones commerciales et entrepôts du e-commerce. C’est vers eux que se tournent les regards des citoyens mobilisés aujourd’hui.”
Christian Soubra, membre du collectif MaZone, commente également : « Amazon et une poignée de décideurs nous ont imposés ce méga-entrepôt en faisant miroiter des emplois, en mettant notre territoire en concurrence avec d’autres et en niant toute considération démocratique [6]. Pour Amazon, tout n’est que marché et profit. Résultat ? On a sous nos yeux un monstre qui, en catalysant la surproduction, va nuire aux habitants à la fois d’ici et de tous les territoires de France et du monde pendant plusieurs décennies. Il est grand temps que l’état de droit et les citoyens soient respectés par la multinationale, que l’intérêt public prime sur les intérêts privés et que les grands projets inutiles et nuisibles soient bloqués. »
Les forces de polices ont délogé l’ensemble des militants présents sur le site. “Nous dénonçons l’utilisation des forces de police pour mettre fin à une action non-violente et légitimée par le danger écologique, fiscal et social que représente Amazon pour la France et pour le monde.” souligne Sandy Olivar Calvo, d’ANV-COP21.
D’autres actions sont prévues partout en France pour dénoncer le système Amazon, tandis que les Amis de la Terre et Action Non-Violente COP21 continueront d’interpeller les députés tout au long des discussions sur la loi économie circulaire.